Un contexte à forts enjeux

En Afrique francophone et partout ailleurs, les laboratoires de biologie médicale jouent un rôle crucial dans les systèmes de santé : ils sont à la base des diagnostics, du suivi thérapeutique, de la surveillance épidémiologique et de la prise de décision clinique. Pourtant, malgré cette importance, nombreux sont les laboratoires qui fonctionnent encore sans cadre structuré pour garantir la qualité de leurs prestations.
Face aux attentes croissantes des patients, des cliniciens, des partenaires et des agences de régulation, la question de la qualité n’est plus une option. Elle devient une nécessité.

Mettre en place un Système de Gestion de la Qualité (SGQ) conforme aux normes en vigueur, ce n’est pas "faire joli", c’est assurer des résultats fiables, sécuriser les pratiques et bâtir la confiance.

Mais dans les faits, qu’est-ce qui bloque ? Pourquoi tant de laboratoires tardent-ils à structurer leur démarche qualité ? Et surtout, que gagne-t-on à le faire, même dans un contexte à ressources limitées ?

Le défi : Une qualité souvent laissée au hasard

De nombreux laboratoires en Afrique francophone fonctionnent encore sans procédures écrites, sans indicateurs de suivi ou avec des pratiques qui varient d’un technicien à l’autre. Résultat ? La qualité des résultats repose souvent sur l’expérience personnelle des individus plutôt que sur un système maîtrisé et reproductible.
Il ne s’agit pas toujours d’un manque de volonté, mais plutôt d’un manque de clarté sur les actions à entreprendre.

Vous vous posez peut être mille questions :
"Par quoi commencer ?"
"Qu'est-ce qui est réellement obligatoire ?"
"Est-ce que c'est réservé aux grands laboratoires avec beaucoup de moyens ?"
"Comment faire si je suis seul à porter cette charge qualité ?"

Les causes : Un cocktail d'obstacles bien connus

Les freins sont nombreux, et je les ai moi-même vécus :

Manque de formation ou d’accompagnement sur les normes en vigueur qui restent souvent perçues comme complexes, théoriques, voire inaccessibles. Et en effet, elles ne sont accessibles qu'à une minorité, surtout dans le cadre de projets d'appui au ministère en change de la santé.
Absence de cadre réglementaire ou de pression externe claire, qui ferait de la qualité une priorité institutionnelle. Dans mon contexte par exemple, aucune règle institutionnelle n’impose de suivre les normes ISO à la lettre, mais leur application reste fortement recommandée.
Culture qualité encore peu ancrée, avec des équipes qui considèrent ces démarches comme une "charge administrative de plus"..
Ressources limitées : pénurie de personnel, surcharge de travail, manque d’accès à des outils adaptés ou de temps dédié à la qualité..
Isolement des responsables qualité, souvent livrés à eux-mêmes, sans réseau ni mentorat pour se former et rester motivés.

Les conséquences : Une fragilité invisible mais bien réelle

L’absence de système de gestion de la qualité n’est pas sans conséquence. Elle met en péril la fiabilité du service, la crédibilité du laboratoire et parfois même la santé des patients.
Parmi les effets les plus fréquents :
○ Résultats non reproductibles, erreurs non détectées ou résultats erronés.
○ Plaintes de patients ou de cliniciens, pertes de confiance, mauvaise image.
○ Incapacité à répondre à des audits ou à postuler à une accréditation.
○ Difficulté à former et responsabiliser les équipes : chacun fait "à sa manière".
○ Épuisement du responsable qualité, seul à "porter le système".

Ce qu’il faut faire : Bâtir un SGQ, étape par étape, selon ses moyens

Mettre en place un système de gestion de la qualité, ce n’est pas copier-coller un modèle occidental, ni les guides divers disponibles en ligne. C’est structurer des pratiques adaptées à votre réalité, progressivement, en mobilisant les ressources existantes.

Voici les premières étapes concrètes :

 
* Prendre conscience de la nécessité du changement.
* Définir les responsabilités.
* Utiliser des outils simples mais efficaces.
* Former et sensibiliser l’équipe progressivement
* Suivre quelques indicateurs, pour objectiver les progrès

Les avantages d'un SGQ : des gains concrets pour le laboratoire et les individus

Mettre en place un SGQ, même de manière simple et progressive, change tout :

* Des résultats plus fiables, reproductibles, traçables.
* Une équipe mieux organisée, responsabilisée, capable de travailler selon des procédures.
* Une meilleure préparation aux audits, qu’ils soient internes, externes ou pour l’accréditation.
* Une valorisation du travail des biologistes, techniciens et qualiticiens, qui gagnent en crédibilité.
* Une reconnaissance institutionnelle, voire des opportunités de financement ou de partenariat.
* Une évolution de carrière pour les professionnels impliqués dans la démarche.

De l’intention à l’action : à vous de jouer !

Vous n’avez pas besoin d’un gros budget pour commencer à structurer votre système qualité. Vous avez surtout besoin d’une compréhension claire, d’outils concrets, d’un plan simple, et d’un accompagnement bienveillant et adapté à votre contexte.
En conclusion, mettre en place un système de gestion de la qualité, c’est avant tout poser des bases solides. Et cela commence par parler le même langage. Beaucoup de professionnels se sentent perdus non pas par manque de volonté, mais parce que les termes utilisés dans les normes semblent flous ou interchangeables. En faites vous partie? Ce n'est pas grave.

Pour vous aider à y voir clair et à démarrer sur de bonnes bases, je vous offre une fiche mémoire claire et synthétique des termes relatifs à la qualité. Téléchargez-la gratuitement et faites le premier pas vers un système qualité plus maîtrisé, même dans un contexte à faibles ressources.